Open the Science section Théorie de Newton & Télétravail

Comment le télétravail a permis à Newton de mettre au point sa célèbre théorie ?

Et si la pandémie du COVID-19 en 2020 et le confinement préconisé par les autorités de différents pays étaient l’occasion de découvertes techniques ou scientifiques exceptionnelles ? C’est ce qui est arrivé lors de l’épidémie de grande peste à Londres en 1665 et 1666. Contraint de rester chez lui, un jeune étudiant du nom d’Isaac Newton imagina pendant cet exil forcé à la campagne ses plus grandes théories... Du télétravail avant l’heure !

 

 

Sans la grande peste qui toucha Londres en 1665, Isaac Newton (1642-1727) serait-il devenu ce brillant savant qui révolutionna la science avec ses théories sur la lumière et la gravité ? La question peut se poser.

À l’époque, le jeune Newton étudie à Cambridge depuis quatre ans. Orphelin de père à 3 ans, il ne doit son entrée dans la prestigieuse université qu’à ses facultés, décelées par son professeur de l’école publique, dans sa région d’origine au nord du pays. Contre l’avis de sa mère, qui souhaite que son fils aîné reprenne la ferme familiale, son oncle insiste pour qu’Isaac s’inscrive à l’université, constatant qu’il n’est pas doué pour les travaux des champs.

En 1661, il entre donc au Trinity College de Cambridge en qualité de « subsizar » : en tant qu’élève aux conditions modestes, il doit préparer les repas des professeurs et s’occuper des corvées pour les élèves fortunés (comme vider les pots de chambre ou porter le bois de chauffage) en échange de la gratuité des études. Il étudie les sciences et découvre les travaux antiques d’Aristote, mais aussi ceux de ses contemporains Descartes et de Gassendi.

 

Près de 100 000 morts à Londres à cause de la peste

Au cours de l’année 1665, alors que Newton décroche son baccalauréat, une épidémie de peste bubonique touche Londres de plein fouet, avant de se répandre jusqu’à Cambridge. D’après les historiens, la maladie aurait été importée par des navires de commerce hollandais dont la cargaison aurait été infestée de puces et de rats porteurs du virus.

Quoi qu’il en soit, la peste noire entraîne la mort de près de 100 000 personnes rien que dans la capitale britannique, tuant près d’un cinquième de la population. Les personnes infectées sont enfermées chez elles, pour éviter tout contact avec l’extérieur, de même que leurs familles. La porte de leur domicile est marquée d’une croix blanche ou rouge, ou encore de l’inscription « Lord have mercy » (Seigneur prend pitié).

Les médecins recommandent à la population – aux adultes mais aussi aux enfants – de fumer massivement du tabac, censé prémunir du mal ou de diffuser des vapeurs d’un mélange de vinaigre et de plantes aromatiques pour assainir l’air dans les maisons. Malgré tous ces « remèdes », la maladie continue à se propager et touche maintenant l’ensemble des classes de la société.

Face au fléau, les autorités en viennent à délocaliser les institutions, et fermer les écoles et les universités. De nombreux citadins qui le peuvent quittent les grandes villes pour se réfugier à la campagne, relativement épargnée, afin de limiter les contacts avec les malades potentiels. C’est ainsi qu’Isaac Newton quitte Cambridge pour rentrer dans sa maison natale, dans le petit village de Whoolsthorpe, au sud-est de Nottingham.

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Un temps libre mis à profit

À l’époque, pas d’internet ni d’enseignement à distance ; Isaac Newton, alors âgé de 24 ans, doit interrompre ses études. Pour tromper l’ennui, il alterne la relecture de ses cours avec des balades autour de la maison. « À cette époque, j’étais au plus fort de mon âge […] et je pensais aux mathématiques et à la philosophie plus qu’à aucun autre moment », racontera plus tard Isaac Newton.

C’est au cours de l’une de ces promenades qu’il voit tomber une pomme, un événement anodin qui déclenche chez lui une réflexion qui aboutira à sa théorie sur la loi de gravitation universelle. Il se serait alors demandé « pourquoi la Lune, elle, ne tombe-t-elle pas ? Quelle est la force qui la maintient sur son orbite ? »

Au fil des mois de ce « confinement rural », il enchaîne également des expériences optiques dans sa chambre de la ferme parentale. En apercevant un rayon de soleil qui traverse son volet et vient frapper un morceau de verre, Newton élabore également une ébauche de sa théorie sur la composition chromatique de la lumière.

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1666, une « annus mirabilis »

Dans la mémoire collective anglaise, 1666 reste une année terrible, d’autant plus qu’à l’épidémie de peste s’ajoute un grand incendie qui ravage la City et brûle 13 200 maisons, 87 églises paroissiales, la cathédrale Saint-Paul et la majorité des bâtiments publics de ce quartier Londonien.

À l’époque, pour beaucoup d’Anglais, ces fléaux ressemblent à une punition divine, en référence au symbolisme apocalyptique qui identifie le triple 6 comme le « nombre du diable ». Pourtant elle apparaît dans les annales littéraires comme une « annus mirabilis », une « année miraculeuse », grâce au poète britannique John Dryden. Ce dernier préfère interpréter l’absence de plus grands désastres comme une intervention miraculeuse de Dieu, évitant ainsi des tragédies bien pires.

Par analogie, les historiens utilisent cette formule pour désigner les découvertes faites durant cette même année par Isaac Newton. Car c’est à cette période, et précisément à cause de l’épidémie de peste, que le scientifique a développé la plupart des théories révolutionnaires qui l’ont conduit à être considéré comme l’un des esprits les plus brillants de l’ère moderne.

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Bibliographie

 

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